Tu ne penses pas que vous arriverez un jour à l'expectation de vos parents, à ce qu'ils attendent de vous. Tu veux bien te forcer, à beaucoup de chose. Mais tu as quand même des limites. Des limites que tu ne souhaites pas dépasser, au risque que cela te déplaise fortement. Et Dieu sait à quel point tu peux être insupportable quand, même une micro chose, te déplaît. Et tu ne penses pas que la jeune femme souhaite désormais vivre avec quelqu'un d'insupportable dans ton genre. Elle n'avait rien demandé pour ça. C'était plutôt à tes parents que tu devrais en vouloir, envers tes parents que tu devrais te montrer comme une personne bien merdique à gérer. Que même si tu as accepté ces fiançailles, par flemme de rétorquer, tu as quand même une force de caractère. Quelque part. Bon clairement là, ce n'est pas du tout visible. Tu étais même un peu trop calme comparé à d'habitude. Mais tu ne vas pas t'en plaindre, c'est sûrement bien mieux comme ça. Cela permet de peut-être de briser la glace bien plus vite. Ce qui serait un avantage, tu penses.


« J'ai... Pris un jour de congé pour aujourd'hui. Je ne voulais pas que tu sois toute seule dès le premier jour, car cela risquait d'être très chiant. Hmm, si avoir de la place pour tes affaires te permet de te sentir bien ici, je ne peux pas t'en empêcher. »


Ce serait affreusement impoli de ta part. Tu n'étais pas connu pour ta politesse extravagante, mais bon tu daignes encore une fois faire des efforts. Tu étais motivé (ah) à faire des efforts. Sans raison particulière. Peut-être juste pour que tes parents n'aient rien à dire sur ton comportement envers ta fiancée. Car tu sais qu'ils seront encore plus présents sur ton dos maintenant. Ils seraient capable de t'envoyer des lettres, tous les jours, de passer vous voir trois fois par semaines. Rien que d'y penser, tu étouffes. Tu n'as jamais été quelqu'un apte à donner de l'attention, et tu ne supportes pas en avoir. Tu ne donnes de ton attention qu'à deux personnes en ce monde. Tu ne penses pas que cela changera. A voir avec le temps, sans doute. Tu avais remarqué son air étonné à ta réponse. Tuu ne sais pas ce que tu as dit d'étonnant, mais espérons que ce soit quelque chose de positif.  


« A la base c'était le miens oui, mais c'est aussi dorénavant le tient. En toute logique. Hm ? Si tu aimes bien, tant mieux je... Suppose. Mais non, je vais tenir avant de m'effondrer de sommeil. Ce n'est pas non plus forcément poli d'aller dormir alors que je devrais... T'accueillir, ici. Ah ça non, tu ne fus pas la seule. »


Du tout. Tu t'étais permis de prendre place à la table du salon, tout en décalant une autre chaise si jamais la jeune femme veuille s'asseoir également. Tu avais oublié qu'elle travaillait de jour. Ah bah génial. Si vous vouliez daigner apprendre à vous connaître, c'est raté, vu vos horaires qui s'emboîtent dans les vingt-quatre heures que composent une journée.


« Je vois. Heu... Non, par flemme sans doute, mais dès que je rentre, je vais me changer et me coucher. Mais ne te... Dérange pas pour... Moi, vraiment. Ah, génial alors... oui. »

Le pire dans tout ça, c'est que tu n'étais pas stressé. Pas stressé d'accueillir quelqu'un entre tes murs. Pas stressé d'avoir pour but d'épouser une femme que tu n'aimais pas romantiquement parlant. Pa stressé de te dire que désormais, tu n'es plus tout seul. Que certaines choses ne pourront plus se mettre en place seules, que tu devras automatiquement demander à ta fiancée son accord ou son avis. Pas franchement le mode de vis que tu adules, pour dire que tu n'aimes clairement pas cette manière de faire. Mais tu n'as catégoriquement pas le choix. Tu l'avais bien ressenti quand tu l'avais vu devant la porte. Que ta bonne conscience ne voulait pas la laisser sur le pas de la porte. Que ton éducation te poussait à être poli, aimable avec elle, alors que ce n'était pratiquement qu'une inconnue à tes yeux. Certes avec un léger passif de quand vous étiez enfant, mais tu ne trouves pas que ce soit un paramètre assez justifiable pour dire que tu allais l'accepter facilement dans ta vie. Il va te falloir sans nul doute du temps, en partant du principe que tu l'accepteras un jour.


« Je trouvais ça... Normal. Nooon, ne t'en fait pas pour ça. »


Tu as la légère impression de te répéter. Peut-être parce que c'était le cas. Tu répètes, car tu ne sais pas quoi dire. Car tu as peur de dire quelque chose de travers, quelque chose qu'il ne faut pas. Alors que pourtant, tu n'as pas peur de t'exprimer, étant une grande gueule à tout va. Mais là, tu ne veux pas faire de gaffe. Sûrement que tu as peur des répercussions de tes parents, et les conséquences que cela pourrait avoir sur ce foutu mariage arrangé. Tu ne sais pas les conditions que les deux familles se sont imposées. Mais si tu commences ta merde, peut-être qu'elles leur porteront préjudice. Tu ne t'entends pas avec tes parents, mais ce n'est pas pour autant que tu souhaites les foutres dans la merde non plus.


« Mais non... N'ais pas peur de me gêner, tu ne vas pas te priver de vivre pour moi non plus. Mais oui... J'irai me reposer plus tard. Ah ? Tant mieux alors... »


Cela te rassurait parce que bon, si tu foirais déjà l'accueil, cela promettait pour la suite des événements. Tu la regardais s'installer tandis que ton attention fut vite reprit par ton café presque vide. Mais flemme d'aller t'en faire un nouveau, surtout qu'elle parlait, donc tu allais gentiment rester là.


« ... Vraiment ? Enfin, je ne veux pas que tu prennes pour habitude de faire tous les repas et ... Tout hein. J'pense que tu as d'autres choses à faire que ça ! Heuu, cela doit faire quelques années maintenant ouaiiis ! Et toi, cela fait longtemps que tu travailles... Là-bas ? »


Oui, tu avais oublié le nom du lieu où elle travaillait. Bravo.

Au moins, tu pouvais te rassurer en constatant qu'il ne semblait pas y avoir de tensions. Honnêtement, cela te frustrerai énormément si cela se passait très mal dès la première entrevue de la sorte. Tu espères que cela continuera comme ça, assez longtemps. Tu n'es pas né pour t'embrouiller avec des fiançailles forcées, donc encore moins pour te prendre la tête avec une femme, qui n'avait également rien demandé certes. Tu n'oubliais pas ce paramètre, qui te permettait de prendre plus facilement du recule sur la situation. Tu avais esquissé un léger rictus tout en essayant de la rassurer sur le fait qu'elle ne bougera rien niveau habitudes de ton côté. Parce que ce n'est pas comme si tu n'en avais pratiquement aucune. Tu vis au jour le jour, sans pour autant suivre des habitudes, un protocole que l'on s'impose soi-même. Naah, franchement pas trop ton genre. Tu penchais la tête quand elle avait reprit la parole, haussant quelques secondes les sourcils.


« Hmm, certes... Mais tu es quand même maintenant chez toi, donc je ne souhaite pas que tu te contentes d'une table, d'une chaise et deux planches pour t'installer. Non, honnêtement prends toute la place qu'il te faut, c'est même mieux. Heuu... Non, je n'ai pas d'animaux. Pour l'instant. »


Songerais-tu à en adopter un si elle voulait. Absolument pas. Tu vis très bien sans espèce de boule de poils qui te court dans les pattes à chaque instant. Et puis quoi encore. Tout animal passant le pas de cette porte finirait carbonisé par tes soins, pour sûr. Tu t'étais légèrement remis à sourire quand elle reparlait. Parce que bon, tu allais épouser une jeune femme, tu accueillais une jeune femme, pas un elfe de maison chargé de faire tous les repas que vous devriez avoir. Tu t'en sentirais bien trop mal. Mais faire les choses sucrés semblait lui plaire, donc est-ce que tu serais apte à lui empêcher de les faire à chaque fois, tu ne penses pas.


« Aha, je vois. C'est un peu pareil  pour moi, sauf que je n'y arrives même pas pour les desserts. Eh bien.. Si tu veux ! Mais ne t'y sent pas obligée non plus. Hmm, oui. Je l'ai ouvert sur un coup de tête, mais les affaires semblent bien marcher ! Oh je vois ! J'espère pour toi aussi que tu y travailleras encore longtemps... Oui. »