Melvyn Fetherstonhaugh ♚ Fini

Fetherstonhaugh, c’est un nom qu’on a un peu pris l’habitude de voir défiler à Poudlard ces dernières années. Faut dire que neuf enfants, ça ne passe pas vraiment inaperçu. Tu ne sais pas si t’as eu de la chance d’en être l’aîné. Enfin, l’aîné c’est assez vite dit. T’as jamais été enfant unique, t’as jamais été le deuxième jumeau, mais bien un triplé. T’imagines extrêmement facilement que tes parents n’avaient pas vraiment prévu ça, ni même tout le mal que vous avez pu leur donner. Petits, vous vous entendiez extrêmement bien, Marwyn, Merwyn et toi. Totalement indifférenciables physiquement parlant, et vous en jouiez. Déjà qu’encore aujourd’hui il n’est pas rare du tout qu’on vous confonde au niveau des prénoms, c’était carrément la débandade avant. De l’ambiance, y en avait avec vous. Votre bonne entente n’empêchait pas quelques désaccords, sans compter que vous partagiez la même chambre et qu’être vingt-quatre heure sur vingt-quatre avec les mêmes personnes, ça pouvait être un peu lourd. Faut dire que vous avez des caractères assez différents aussi. Marwyn a toujours eu ce côté excessivement positif, à vouloir vous tirer vers le haut, et faire le bien surtout, même maladroitement. Vous le suiviez toujours, Merwyn parce qu’il appréciait avoir de l’attention, et toi juste parce que t’avais rien d’autre à foutre et que t’aimais passer du temps avec eux. Merwyn lui, c’était le plus sûr de lui d’entre vous trois, le plus intelligent aussi, t’allais pas le cacher. T’avais un peu peur parfois de ce qu’il pouvait vous proposer de faire, mais bon. Vous étiez un trio qui fonctionnait bien, alors t’avais pas grand-chose à redire dessus. Sauf les fois où Merwyn se débrouillait pour rejeter toute la faute sur Marwyn et toi, mais soit, Marwyn était souvent trop honnête et dans ces cas-là, tu devenais subitement une balance, autant payer tous ensemble.

Après quelques années, vous avez eu la joie d’avoir un petit frère supplémentaire, Alvyn. Dès sa naissance, il avait un caractère bien trempé, tu te souviens toujours très bien du jour où tu voulais juste jouer avec toi et qu’il t’avait mordu jusqu’au sang hein. Une chance que tu ne sois pas spécialement rancunier. En grandissant, vous aviez bien essayé de l’inclure dans le groupe que vous formiez, c’était un peu plus sympa, mais le courant avait un peu de mal à passer, surtout entre Merwyn et lui. Puis Alvyn avait ce côté un peu plus solitaire aussi, et semblait assez rapidement saoulé de cette vie de famille.

Ce qui n’alla pas du tout en s’arrangeant lorsque votre mère eut un nouvel enfant, gracieusement nommé Ethelbert. Et franchement, s’il n’était pas devenu le favori de votre mère, t’aurais juré qu’elle le détestait pour l’avoir appelé de la sorte. Déjà qu’il était mal parti dans la vie. T’avais appris plus tard que la grossesse avait été difficile, que le fait qu’il soit né vivant avait tenu du miracle. Ce qui expliquait très certainement pourquoi votre mère porta une grande partie de son attention sur lui. Même totalement. Ethelbert, c’est devenu le prince de la maison en un rien de temps. Tout tournait autour de lui, au moindre babillement, votre mère était à ses pieds. Ce qui désespérait au passage un peu votre père, qui essayait tant bien que mal de faire en sorte qu’aucune jalousie ne naisse de là. Un bel échec d’ailleurs. Si l’ambiance avait été plus au moins au beau fixe, elle ne fit que se dégrader. Surtout lorsque le petit dernier se mit à parler, et en plus d’avoir une voix nasillarde bien chiante et agaçante se révéla être un moulin à parole.

T’as été soulagé, lorsque t’as pu mettre les pieds à Poudlard et le laisser derrière. Même si ça t’avait fait du mal sur le coup de voir Alvyn aussi désespéré lorsque vous étiez partis en train. Encore plus quand dans chaque lettre qu’il t’envoyait il avait l’air d’avoir envie de se débarrasser de votre plus jeune frère. Mais avant ça, il y avait eu votre cérémonie de répartition. Marwyn avait été le premier à passer, et le Choixpeau n’avait eu aucune hésitation à l’envoyer à Gryffondor. Pour toi, ça avait pris un peu plus de temps, mais t’étais allé chez les Vert et Argent. Tout comme Merwyn d’ailleurs. Vous aviez été un peu triste sur le moment de ne pas vous retrouver tous les trois dans la même Maison, mais bon. C’était la vie, et ça ne vous empêchait pas du tout de vous revoir. Du tout, vous aviez même des cours ensemble. Une horreur généralement d’ailleurs pour les enseignants en question, mais ils avaient tous survécus. Vous aviez aussi survécu d’ailleurs, un bien beau miracle.

Un miracle qui avait failli ne pas se reproduire lorsqu’Ethelbert vous avait rejoints. Autant l’arrivée d’Alvyn à Serpentard aussi n’avait pas changé énormément de choses, visiblement déterminé à ce qu’on l’associe le moins possible à vous et à faire son chemin de son côté, ça avait été totalement différent avec le plus jeune. Lorsque tu l’avais vu passer sous le Choixpeau, t’avais prié pour qu’il se retrouve absolument partout sauf dans la même maison que la tienne, mais t’avais vu son sourire niais lorsqu’il avait croisé ton regard là, et t’es presque persuadé qu’il a spécifiquement demandé au Choixpeau de l’envoyer là, tu ne voyais pas d’autres explications possibles. Parce que lui était déterminé à ne pas vous lâcher d’une semelle, surtout qu’il vivait extrêmement mal le fait de s’éloigner de la maison et surtout de votre mère. Les premières semaines avaient été les pires, t’avais hésité plusieurs fois à l’envoyer chier lorsqu’il arrivait en pleurs près de toi le soir et insistait pour venir dormir près de toi, mais t’étais faible, et en plus de ça, il avait essayé auprès de Merwyn et d’Alvyn ce qui avait plutôt mal fini. Et même si Marwyn aurait certainement bien aimé l’aider, vous pouviez difficilement le faire dormir chez les Gryffondors, en fait.

Il valait mieux ne pas trop mentir, vous cinq en même temps dans le même bâtiment, ça avait été un peu la foire d’empoigne. T’avais l’impression qu’il ne s’était pas passé une seule journée paisible, et en plus de ça, ta mère t’envoyait régulièrement des hiboux en te demandant de veiller à ce que le plus jeune ne se fasse pas martyriser que ce soit par frères ou qui que ce soit d’autres. Mais de ce que t’avais pu constater, c’était surtout lui qui vous martyrisait les oreilles à forces de déblatérer des monologues incessants dès qu’il le pouvait. Une chance que ce ne soit pas un des triplés d’ailleurs, tu voulais bien être patient, mais avoir ça en cours, t’aurais clairement pas supporté sept ans. Puis lors de ta sixième année, vous aviez reçu un hibou un peu spécial. La famille venait de s’agrandir encore une fois non pas d’une mais deux personnes. Des jumeaux affectueusement nommés Merlin et Perceval. Si t’avais rien redit sur les prénoms, sans doute trop fatigué déjà du fait que vous alliez devoir apprendre à vivre avec eux, certaines personnes ne s’étaient pas privées de le faire, mais soit.

Tes études, elles se passaient relativement bien. T’avais cette tendance à toujours faire un peu le moins possible il fallait. Parce que tu commençais déjà à aimer glander. Parce que t’avais pas la hargne de Merwyn à tout faire pour être le premier, pour toujours dépasser les autres non plus. Toi tu préférais bien glander dans la Salle Commune, à être avec tes potes. Puis bon, t’admettais aussi que depuis que t’avais une petite amie t’y portais moins attention. T’aimais passer du temps avec elle. Le plus possible même, c’était ta première relation et tu ne voulais pas non plus tout foutre en l’air, en fait. T’avais envie de prendre ton temps, elle un peu moins mais elle avait fini par l’accepter et respecter ton choix. C’était pas pour rien que tu l’aimais non plus, Mary.

Cet été-là, vous aviez même été animateurs dans une colonie de vacances, avec tes frères, Mary et des amis de la famille. Ca avait été chouette, t’avais même pu rencontrer un type assez cool, Thaddeus. T’avais vraiment apprécié son caractère, quelqu’un qui se prenait pas la tête, de sympa. Et le seul même que t’avais trouvé sympa quand tu t’étais rendu compte que Mary n’hésitais pas du tout à se faire Merwyn. Un grand moment où tu t’étais rendus compte qu’ils se foutaient amplement de ta gueule, depuis un bon bout de temps. T’as mis du temps à t’en remettre, bizarrement depuis ton frère est descendu dans ton estime. Enormément. Et t’as plus jamais voulu t’attacher à qui que ce soit non plus. T’avais autre chose à faire, comme trouver quoi faire de ton avenir. Ca pouvait être bien. Parce que t’avais pas vraiment de talent. Ni d’envie. Encore moins maintenant. T’avais fait des spécialisations dans l’astronomie et la métamorphose, deux cours que t’aimais spécialement. Ce que t’allais faire après ? Aucune idée. Du tout. Mais est-ce que c’était grave. Non. Tu verrais en temps voulu.

Pendant ce temps là, Marwyn avait décidé de partir à la conquête du monde avec un ami que vous aviez en commun, Edwin. Une personne que t’avais toujours appréciée d’ailleurs, t’étais content pour eux qu’ils fassent ce qu’ils veulent, en l’occurrence être mannequin pour ton frère et Edwin serait son manager. Ils ont bien réussi, d’ailleurs. Merwyn lui voulait être dans le journalisme, s’était fait une place à la Gazette du Sorcier. Tant mieux pour lui. Alvyn lui avait quitté la maison le plus rapidement possible pour faire une école de stylisme, il adorait la mode, mais de ce que t’avais compris, il avait arrêté. Même si tu prends régulièrement de ses nouvelles, tu ne sais pas exactement ce qu’il fait aujourd’hui. Tu sais juste qu’il va bien. Tu sais juste aussi que tes parents ont eu encore deux enfants. Des jumeaux, faux cette fois-ci. Ben et Becky. T’avais eu la chance de pouvoir aider à s’en occuper. Tu t’en serais passé, oui. Mais bon. Ils étaient attachants, comme Merlin et Perceval, même si ce dernier était un peu pugnace. Enormément. Bah. Ca ne t’empêchait pas de vivre ta vie pourrie, à devoir partager la même maison que celle de tes parents, que celle d’Ethelbert surtout que tu supportais de moins en moins.

Tu te concentrais sur autre chose, comme essayer de devenir un animagus. T’essayais depuis des années, tu t’y intéressais Tu te disais que ça pouvait être utile, et bien mieux de vivre en étant un animal qu’un humain. Parce que cette vie te saoulait un peu. Beaucoup. Ca n’avait pas été une partie de plaisir. Du tout. Surtout qu’au final, lorsque t’avais vu cette forme se former dans ta tête, t’avais bien vue une espèce de gros rat là. Wouw. Tout ça pour ça. T’aurais espéré être un chien, un félin, un truc élégant. Mais un rat de poubelle là. Pourquoi. Ca avait été perturbant, oui. De rapetisser, d’avoir un museau, des dents en plus, tout. De te chopper des puces aussi, et d’avoir cette queue moche sur laquelle tu marchais toujours au début. Mais fallait bien faire avec vu que tu n’arrivais pas à te retransformer en humain. Con hein. Très con. T’avais essayé pendant des heures, et quand t’avais voulu rentrer chez toi, bah ce fut la première et dernière fois où ta mère fit preuve de violence physique envers toi. Les coups de balais, quand on était un opossum c’était plus douloureux. Et tu comprenais pourquoi elle te jetait dehors sans vouloir savoir quoique ce soit surtout. T’avais bien vu Ethelbert essayer de t’adopter, mais ta mère avait trop peur qu’il attrape une maladie, qu’il attrape la rAGE.

T’avais pas eu d’autre choix que de déambuler en essayant de trouver un endroit ou dormir. En essayant de te retransformer, une nouvelle fois. Sans grand succès. T’avais eu le temps d’user tes petites pattes jusqu’à Londres en te faisant souvent jeter des endroits où t’allais. Puis t’avais trouvé un petit appartement miteux, que t’avais cru à l’abandon. Mais y avait un lit, des affaires, un peu bizarre, mais t’avais pas pu dormir depuis longtemps sur ce genre d’objets. Alors tu l’avais fait avec grand plaisir hein. Même si quelqu’un avait fini par arriver, quelqu’un que t’avais reconnu, c’était Thaddeus. Tu t’étais attendu à ce qu’il te jette aussi, parce que bon, c’était pas vraiment le genre d’animal dont on voulait chez soi. Mais il avait eu l’air de te trouver…mignon ? Et il t’avait laissé vivre là, avec lui, il te nourrissait même, un homme bien. Plus que bien. Ah bah tu serais bien resté là toute ta vie, tu l’aimais bien comme ça. Parfaite. Sauf que t’avais réussi, à te retransformer, un jour sans prévenir. T’avais eu la peur de ta vie surtout, mais c’était peut-être mieux pour pouvoir s’expliquer. T’avais eu un peu de mal à parler quand même après tant de temps à juste grogner et couiner, mais bon.

T’avais pu aussi essayer de te trouver un travail par la suite. T’avais vu un poste se libérer à Poudlard, celui d’enseignant. De prof d’Astronomie même. T’aurais jamais pensé que la chance puisse être aussi grande. Mais t’avais sauté sur l’occasion, en un rien de temps. T’avais même décroché le poste à ton plus grand bonheur.