Well done || Warren A. Emerson •• Terminée

Souvent, on t'a conté ta naissance comme un conte de fée. Quelque chose de merveilleux, magique, absolument pas basique. Car tu n'étais pas basique. Tu n'es pas comme tout le monde. Tu es, après tout, unique. Si tu devrais parler de la phrase de ton paternel qui t'a le plus marquée, ce serait celle qu'il utilise souvent pour parler du jour où tu es né. 

« Tu es né un jour d'été, un jour ensoleillé, mais sans exagéré, le seul soleil que je pouvais apercevoir, c'était toi. Ta lueur se reflétait dans les yeux de ta mère au moment où ils t'ont posé sur sa poitrine. Tu es, et resteras notre soleil. »

Si tu es le soleil, la lueur de tes parents, autant que tu sois ta propre étincelle. Que ta lumière brille dans tes propres yeux. Et, très certainement que c'est ce désire de t'illuminer toi-même qui a fini par t'aveugler complètement. Car dès que tu avais appris à parler, tu te prenais pour le centre du monde. Tu pensais que tout tournait autour de toi, autour de tes gestes et paroles. C'était peut-être le cas, jusqu'à ce que ta mère tombe de nouveau enceinte. Dans ta fulgurante innocence de tes cinq ans, tu ne comprenais pas trop ce que cela signifiait. Mais quand tu avais vu l'une des chambre d'ami devenir une chambre d'enfant, le ventre de ta mère grossir ainsi que les nombreux cadeaux qui n'étaient pas pour toi, tu comprenais que cela ne sentait pas du tout bon. Vraiment pas, t'y voyait d'un mauvais œil.


Tu as essayé de te rassurer comme tu le pouvais, avec ce que tu pouvais. Si une seconde chambre était décorée, c'était parce que cela deviendra ta salle de jeux. Si ton père parfois t'interdit d'aller voir ta mère parce qu'elle se « repose », c'est parce qu'elle te prépare une surprise, et ton paternel dit ça pour simple prétexte. Si le ventre de ta mère grossit... C'est qu'elle doit cacher une peluche pour toi, évidement. Pas très discrète comme cachette.


Cependant, tu te souviens très bien de ce jour. Vous mangiez, rien de plus banal. Et là, un peu trop rapidement, tu t'es retrouvé à l'hôpital. Toute la famille réunie. Enfin, tu ne sais pas pourquoi tu ne pouvais pas être avec ta mère, dont ses cris te rassuraient pas, pour une fois. L'air stressé de ton père aussi, était inquiétant. Puis il avait explosé en sanglot, esquissant un sourire en courant vers la salle où était ta mère. Tu ne comprenais toujours pas ce qu'il se passait. Puis tu avais eu une révélation assez peu agréable pour ton ego, quand tu voyais deux enfants, sur la poitrine de ta mère. De TA mère. Tu ne cautionnais pas ça. Et tu ne cautionnais encore moins le moment où ta mère t'invitait à t'asseoir à côté d'elle, à faire connaissance avec une apparemment sœur, et un apparemment frère. Très bien. Tu ne les verras jamais comme ça.


Tu t'y étais bien tenu d'ailleurs. Vicktoria et Adrian n'étaient pour toi qu'une bande-son. Des choses qui ne sont là que pour faire du bruit quand c'est un peu trop silencieux dans le manoir.  Tes parents semblaient un peu trop proches d'eux, en te délaissant. C'est à cette période que tu sentais le besoin de te montrer un peu plus. D'attirer l'attention, de tout le monde, y compris de tes parents. Alors tu as essayé mainte et mainte technique pour qu'on fasse enfin attention à toi. Et tu avais réussi, sans le faire exprès cette fois-ci. En courant dans les escaliers pour rejoindre ton père, tu ratais une marche, finissant ta chute dans un meuble aux pieds des dits escaliers. La panique de ta mère, c'est tout ce dont tu te souvenais. Un black-out. La seule chose que tu puisses citer, c'est que tu t'étais réveillé, avec un pansement à l’œil droit. Ah bah merde hein. D'après les paroles de ton médecin, à deux centimètres près, tu finissais aveugle d'un œil. Bon, tu vois plus très bien de ton œil droit, mais tu préfères ça à une cécité déjà présente à tes sept ans. 



La raison de pourquoi tu t'étais précipité dans les escaliers était relativement simple et banale. Tu avais fait disparaître la peluche préférée de ta soeur. De manière complètement inattendue car tu voulais la déchirer, à la base. En expliquant ça, tes parents t'annoncèrent que tu étais donc un sorcier. Que tu étais lié à la magie. Parfait. Tu priais juste pour que cela ne soit pas le cas de ta soeur et ton frère. Sincèrement, être l'unique enfant de la fratrie qui sauve l'honneur d'être un sorcier était un très beau titre, et tu aimerais bien le garder le plus possible.


Tu avais donc commencé tes études à Poudlard. Un château assez miteux et vraiment pas très beau au passage, mais tu allais y faire abstraction. Après une longue hésitation, tu fus envoyé à Serdaigle, car tu l'avais demandé, rien d'autres. Car c'était la maison de ta mère, et aller en terrain inconnu, cela ne te bottait pas du tout. C'est d'ailleurs dans cette maison que tu avais pu faire la connaissance d'Eltanin Rosier, toujours accompagné de Prewett au passage. Très vite, tu t'étais mis à les considérer comme des sortes de potes, comme ça tu n'étais pas tout seul. Sauf que assez vite, tu avais remarqué Miss Rosier. Misam, de son prénom, qui était la soeur jumelle de ton ami. Étonnement, tu n'étais pas insensible à elle. Elle te faisait sourire, première fois qu'un humain arrivait à te faire ressentir ça. Mais tu n'osais pas l'aborder. Clairement pas. Puis de toute façon, ce n'était pas à toi de faire le premier pas. Tu ne vas pas t'abaisser à ça. Mais tu n'avais pas pu t'empêcher d'en parler au plus proche de la jeune fille, donc son frère. Et il t'avait aidé à faire bouger les choses. Ce qui était bien, c'est qu'elle avait accepté sans ronchonner tes avances.  


Ce n'était pas étonnant de dire que tu n'as jamais eu de relation amoureuse. Sérieuse ou pas d'ailleurs. Cela expliquerait en partie pourquoi inconsciemment, tu t'y prenais très mal avec Misam. Votre relation semblait si parfaite à tes yeux. Mais tu t'étais rendu compte, un peu trop tard, que tu avais sans doute un peu trop abusé d'elle. Mentalement. Physiquement... Peut-être une fois oui. Mais tu n'allais pas non plus t'empêcher t'exposer tes désirs quand même. Manquerait plus que ça. Or, un jour, tu avais reçu une lettre. 


« Misam est morte. Elle fut retrouvée pendue dans sa chambre. Elle s'est suicidée. »


Tu avais pas compris, cela ne t'avait rien fait, à part peut-être un haut-le-cœur en t'imaginant toi-même trouver un cadavre pendu dans une pièce de ton manoir. Erf, vraiment pas une belle pensée. Malheureusement, con comme tu es, tu pensais sérieusement rester en bons termes avec le frère de la demoiselle. Or, quand ton visage, et clairement ton corps, avait rencontré ses poings et sa colère, tu comprenais qu'il n'y avait plus d'amitié du tout. Si on pouvait appeler ça une amitié, car on pourrait se demander si tu ne prenais pas les deux garçons pour de simples bouches - trous. 


Tes parents n'étaient pas au courant de tout ça, et tant mieux. Les remontrances auraient blessées ton ego. Alors à la place, tu continuais tes études dans le plus grands des calmes. Sans te travailler sur la pauvre erreur de jeunesse que tu avais pu commettre. Les erreurs, cela arrive à tout le monde, non ? Tu en avais fait pleins d'erreurs en passant. Comme continuer des études pour devenir Oubliators. Ce n'était pas un métier pour toi, au début.


Avant que tu te trouves une passion sordide pour le fait de faire oublier des choses aux gens. Tu trouves cela fascinant. Et à la fin de tes études et à l'obtention de ton diplôme, tu avais décroché une place au Ministère. Biennn. Cela aurait pu se terminer ainsi, si tes parents n'avaient pas décidé de te marier de force avec une jeune femme. Du nom de Rebehka. Aucune idée d'où sort cette jeune femme, mais ce qui est sûr, c'est que tu ne l'as toujours pas accepté. De toute manière, l'histoire de mariage est en déclin, et heureusement pour toi, tu vois les chances de finir marié diminuées à vue d'oeil.